dimanche 13 novembre 2011

De l'importance de faire les bons choix (en matière de collants comme de grottes)

Aujourd'hui, dans les BD du dimanche : de l'influence du choix des collants chez les super-héros, et de l'inefficacité de notre instinct primaire, qui nous amène systématiquement à trouver la cachette la plus à même de nous faire tuer en cas de poursuite par un tueur énervé.

Les super-héros, donc. Je vois d'ici les mauvaises langues, arguant mon manque d'objectivité, lié à une monomanie pathologique ayant pour objet l'homme chauve-souris, mais le dernier Batman de Neil Gaiman et Andy Kubert déboite de la douchette. Dans Qu'est-il arrivé au chevalier noir ? on assiste tout bonnement à l'enterrement du justicier de Gotham City. Tous les personnages, amis comme ennemis, vont se retrouver dans une veillée funèbre où chacun va y aller de sa version de la mort du Batman. Voir le Joker et Catwoman s'envoyer des petits-fours à côté du commissaire Gordon est déjà assez traumatisant, mais quand Alfred nous conte l'histoire d'une gigantesque supercherie, remettant en cause le mythe du héros, ça fait tout drôle. Et si les deux histoires qui suivent, centrées sur Poison Ivy et E. Nigma, sont oubliables, Gaiman nous sort sur les dernières pages un coup de génie (mention spéciale à l'illustrateur) qui m'a fait frétiller les endorphines.
En revanche, je n'ai pas encore mis la main sur la série de comics Batman Universe, relatant l'après Bruce Wayne, où un certain Dick Grayson viendrait prendre la relève. Tout du moins jusqu'à ce que Bruce se décide à ramener son derche de l'au-delà. Sceptique, je suis (comment placer une hyperbate dans l'unique but de faire savoir que je connais ce mot).


Et puis, c'est l'arrivée dans le monde du comics d'un super-méchant. Nemesis, de Mark Millar et Steve McNiven, c'est un peu comme si Batman, au lieu de se dire, "Et si j'enfilais des collants noirs et que j'utilisais ma fortune pour aller botter des culs de méchants, ça va me détendre", avait finalement opté pour "Et si j'enfilais des collants blancs et que j'utilisais toute ma fortune pour buter un maximum d'innocents, ça va me détendre". Notons que les collants blancs, c'est pas l'idée la plus brillante. Déjà c'est salissant, et puis j'ai eu des images de danseur étoile devant les yeux pendant toute la lecture. Hormis cette faute de goût, le résultat ressemble à un bon film d'action, où on voit un truc (bâtiment, train, bébé dans son berceau) exploser toutes les deux pages (pas la peine d'allumer les neurones), et une intrigue simple mais assez bien ficelée pour nous laisser morts de faim sur la dernière page.
(Mais on me souffle dans l'oreillette que, à choisir, la précédente collaboration de Millar et McNiven sur Old man Logan mérite beaucoup plus qu'on s'y attarde, je vais aller lire ça avachie par terre dans une grande librairie errer pour trouver une bibliothèque alentour qui l'aura dans ses bacs).


Finissons dans une ambiance bon enfant, avec un manga à base de forêt sombre, cachots, énucléations et autres tortures : Hideout, de Kakizaki Masasumi. Seiichi, jeune écrivain que l'on devine raté et dont le couple ne ressemble plus à rien, décide de partir en vacances avec sa femme, histoire de voir si un peu de super-glu pourrait recoller les morceaux. Sauf que l'on nous dit très vite (dès la quatrième de couverture en fait, merci l'éditeur) que Seiichi a plutôt prévu de se débarrasser de sa femme en même temps que de ses soucis (elle l'a un peu cherché ceci-dit). Après une course poursuite dans une forêt en pleine nuit sous une pluie battante (le dessin est suffisamment réussi pour que j'ai moi-même eu les os glacés et les jambes écorchées), cette gourde se dit que ce serait une trop bonne idée de se réfugier dans une grotte (il faudrait faire une liste des endroits les plus débiles où se cacher en cas d'attaque par un tueur psychopathe). Le problème, c'est que cette grotte est déjà habitée. Points de suspension. Suspens insoutenable.
Ce one-shot est une merveille de suspens et d'horreur bien dosée (un peu la main lourde parfois, ok, ceux qui s'évanouissent devant une tronçonneuse, passez votre chemin). Le dessin est atrocement réaliste, si bien qu'il me faudrait au moins la promesse d'y trouver des réserves inépuisables de Skittles pour que je remette les pieds dans une grotte, et l'évolution psychologique des personnages n'est pas négligée, jusqu'au final, terrifiant, que j'avoue n' avoir pas vu venir (ce qui donne en général "Oh non c'est pas vrai, j'le crois pas ça !"). Les premières planches sont disponibles chez Manga Sanctuary, et vous donneront un bon aperçu du bouquin.

Vous verrez, après ça, vous ne serez que bisounours, paillettes et licornes roses dans les prés.

dimanche 30 octobre 2011

Les marins du dimanche

Après des semaines de révisions de concours où, pendant mes pauses, la seule activité dont j'étais capable était de larver devant des films d'horreur (les zombies sont de très bons compagnons d'infortune) et où ouvrir un livre représentait un effort trop conséquent, je me suis rattrapée en faisant une petite cure de bd. Et la moisson a été plutôt bonne.

Tout d'abord, un gros coup de coeur pour un livre qui m'est tombé dans les mains par hasard, L'amourir, d'Ozanam et Tentacle Eye. L'histoire d'un marin au passé sombre, Wirde, qui débarque dans une ville soumise à un régime autoritaire, où la liberté est un concept assez flou, et où la loi "de fin de vie" oblige les personnes de plus de 75 ans sans revenus à mourir pour ne pas aggraver le déficit national. On suit alors l'histoire d'amour entre Wirde et Lillie, danseuse de cabaret et opposante au parti en place, en parallèle avec l'histoire d'une résistance souterraine à laquelle ils vont prendre part au-delà de ce qu'ils avaient tout deux imaginé.
Dans cet album, je regrette juste la complexité de la narration, où les allers-retours entre passé et présent embrouillent un peu le déroulement de l'histoire. Heureusement, la confrontation amour/jalousie et oppression/résistance arrive à nous garder sur les rails. Mais le vrai coup de maître dans cette bd, ce sont les illustrations. Tentacle Eye, en plus d'un dessin sublime, qui justifie à lui seul la lecture, joue avec les codes de la bande dessinée de telle sorte qu'il sublime complètement le scénario (ça fait un peu pompeux dit comme ça, mais si je disais que le dessin est beau à en faire péter mes bretelles de soutien-gorge, vous ne me prendriez pas au sérieux). J'en profite pour faire passer un petit message : messieurs les illustrateurs, avoir une présence Internet frôlant le néant intersidéral, ça n'est plus possible. Faudra pas vous étonner si les lecteurs finissent par débarquer chez vous, un soir de pleine lune, la bave au lèvres.



De Profundis : l'étrange voyage de Jonathan Melville, de Chanouga, nous conte une autre histoire de marin (c'est pas fait exprès, mais ça tombe bien, comme ça j'ai une belle transition) qui, après un naufrage, est recueilli sur une île par deux femmes étranges, décidées à le garder pour elles, de gré ou de force. On trouve dans ce conte pour grands enfants un brin de sorcellerie, du danger, des créatures marines, une ambiance mi-féérique, mi-inquiétante, et quelques illustrations magnifiques en prime. Les bons contes pour adultes dans la bande dessinée sont suffisamment rares pour que celui-ci mérite un petit détour. Et, wasabi sur la cacahuète, Chanouga possède un blog, lui (message subliminal tout ça). Allez voir, il y a plein de belles choses.



Quelques petites déceptions en revanche, sur des bd que j'attendais de pied ferme (un peu trop peut-être). La dernière collaboration entre les Kerascoët et Fabien Vehlmann, Voyage en Satanie,  ne m'a pas autant chavirée que je l'espèrais, surtout au niveau de l'histoire. Mais ils avaient mis la barre tellement haut avec Jolies Ténèbres que c'est difficile de leur en vouloir. Déçue aussi par Vivre dessous, le dernier ouvrage collectif de Manolosanctis, qui ressemble beaucoup trop à 13m28, leur précédent album collectif, pour se démarquer. D'autant que le travail du scénario (Thomas Cadène, qui parrainait l'ouvrage, ne doit plus avoir beaucoup de cheveux sur la tête, vu le nombre d'auteurs participant) tiens moins bien la route. On retrouve d'ailleurs beaucoup des illustrateurs qui font désormais partie de la team de base de l'éditeur, et qui sont excellents pour la plupart. En parlant de Manolosanctis, pour ceux qui ont loupé l'annonce de la semaine dernière, l'édition papier, c'est terminé... Dommage pour Renaud et Antigone, pour les Phantasmes et le Carnaval, pour Mon cauchemar et pour moi...

mardi 4 octobre 2011

Les non-casées et leur problème de case

Bennett Sisters (Library of Congress)
Que ceux qui ne supportent plus d'entendre un "Madame ou un "Mademoiselle" passent leur chemin. Je préfère prévenir, sinon vous allez m'en vouloir, et moi je vous aime bien alors ça m'embêterait. Je ne vais pas passer des plombes sur la campagne "Mademoiselle, la case en trop", la blogosphère s'est déjà bien assez étripée comme ça. Et d'autres en parlent bien mieux, comme La Bouseuse ou Crêpe Georgette. J'ajouterais seulement qu'au-delà des arguments, déjà douteux, de superficialité de la campagne et de non-priorité vis-à-vis d'autres combats, j'avoue avoir du mal à comprendre la position de celles qui refusent catégoriquement de perdre le "privilège" de se faire appeler mademoiselle, arguant que quand même, ça fait plus jeune hihi (qui a parlé de superficialité déjà ?).

Si je parle de tout ça sur ce blog, c'est parce qu'il se trouve que c'est mon métier qui m'a fait prendre conscience du caractère absurde et surtout intrusif de cette petite case en trop. Parce que figurez-vous que pour s'inscrire dans une bibliothèque, il faut remplir un formulaire. Et donc cocher une case. Sur ce, le bibliothécaire s'empresse de rentrer toutes les informations vous concernant dans l'ordinateur. Souvent, les gens n'y font pas attention et ne cochent aucune case. Mon réflexe était alors de demander au moment de la saisie, lorsqu'il s'agissait d'une femme : "Madame ou Mademoiselle ?". Parce que bon, moi on m'a dit qu'il fallait remplir les cases. En dehors du cadre administratif, j'ai toujours trouvé bizarre que certains lecteurs et lectrices, voulant m'interpeller, se fendent systématiquement d'un "Enfin... Madame ou Mademoiselle ?", parfois avec une pointe de curiosité mal placée, mais souvent gênés d'avoir pu se tromper sur l'appellation. Mais lorsqu'il s'agissait d'une inscription administrative, ça ne me perturbait pas la matière grise.

Jusqu'au jour où cette question a provoqué chez une future-lectrice une mini-crise d'hystérie, à base de "vie privée", "vous regarde pas", "de quoi j'me mêle", "scandale", "pour qui vous vous prenez". Dans le désordre. Sur le coup, je me suis seulement dit qu'elle aurait pu éviter de monter si haut dans les décibels. Et puis mes neurones se sont enclenchés, et je me suis dit qu'elle avait peut-être raison finalement. Qu'est-ce qui me permet, sous couvert d'une inscription administrative, de demander à une femme si, oui ou non, elle est mariée ? Parce que ça revient clairement à poser cette question. Non seulement cette information est inutile, mais son appartenance au domaine du privé amène souvent à un jugement qui n'a pas lieu d'être (clairement, la "Madame" de 20 ans tout comme la "Mademoiselle" de 60 ans font au mieux sourire, au pire attirent les critiques. Et ne parlons pas de celle de 30 ans qui se voit créditée d'un jaugeage de la marchandise au moment où elle précise "Mademoiselle". J'aimerais bien dire que j'exagère, mais en fait non). Je me demande quelle serait la réaction des lecteurs masculins si je commençais à leur demander au moment de l'inscription si ils sont mariés. Je parierais sur quelque chose de cet ordre là : "vie privée", "vous regarde pas", "de quoi j'me mêle", "scandale", "pour qui vous vous prenez". Et ils auraient bien raison.

Depuis cet incident, lorsque les femmes ne cochent aucune case sur leur formulaire, je ne peux pas m'empêcher de penser à un acte de résistance (j'imagine bien ce que je veux) et je me garde bien de leur demander quoi que ce soit. Pour moi, ce sont des "Madame", rien d'autre à ajouter.

mardi 20 septembre 2011

Ménagez un bibliothécaire, collez une affiche.

Dans la série des choses qui nous paraissent tellement évidentes, en tant que bibliothécaire (je parle en toute modestie, la compétence dont je vais vous parler étant notre capacité à ranger des livres par ordre alphabétique, je ne vais pas disserter sur notre savoir-faire (encore que certains collègues... (bref...))) que l'on prend les lecteurs non-initiés pour des demeurés, je tiens à introduire la capacité à suivre l'ordre logique dans lequel les livres sont rangés sur les étagères. A savoir de gauche à droite, et de haut en bas (tout le monde suit ?). Et visiblement, ce n'est pas clair pour tout le monde. Pour vous aider à cerner la source du mal, rien de tel qu'une mise en situation :






Il ne m'était proprement pas venu à l'idée que l'ordre de rangement des livres sur les étagères pouvait être source de problèmes pour les lecteurs. J'ai bien envie de médire sur le caractère  peu dégourdi des usagers, mais c'est au risque de me faire lyncher la prochaine fois que je demanderai où ils se sont amusés à cacher les paquets de café au supermarché (pour info, ils se trouvent à côté du thé). Alors pour éviter ce genre de situation (moins par sollicitude envers les lecteurs que par lassitude à se faire traiter d'analphabète), voilà une petite affiche à diffuser largement (et pas uniquement dans les espaces jeunesse soyons bien clairs) :





dimanche 11 septembre 2011

Et le sot-l'y-laisse dans tout ça ?

C'est la rentrée, et qui dit rentrée, dit bonnes résolutions. Je sais bien qu'à cette période de l'année, on a déjà eu, quelques mois plus tôt, notre lot de bonnes résolutions qui ont tenu juste le temps de trouver un briquet pour allumer sa cigarette. En ce qui me concerne, je ne prends jamais de bonnes résolutions pour le nouvel an (question de lucidité essentiellement), mais en septembre, j'ai toujours un élan d'énergie qui me fait dire des âneries du genre "Cette année, je me lance dans le roller derby" (je pourrais enfin côtoyer des filles qui s'appellent Iron Madone ou Rosa Sparks), ou "Cette année, j'arrête de manger des Skittles", ou encore "Cette année, je tiens mes bonnes résolutions de l'année dernière". Je vais donc commencer soft, en essayant de tenir un peu plus régulièrement la rubrique des bd du dimanche sur ce blog, comme j'avais prévu de le faire l'année dernière


On commence avec Elmer, de Gerry Alanguilan. Autant vous avertir tout de suite, je n'ai absolument aucune critique négative sur ce livre. Pour vous mettre un peu dans l'ambiance, vous visualisez La planète des singes ? Et bien là, c'est à peu près la-même, mais avec des poulets. Donc je sens bien qu'au mot "poulet", j'ai déjà perdu la moitié de ma crédibilité auprès des gens qui liront cet article. Mais il faut savoir dépasser ses préjugés. Les poulets sont des êtres humains comme les autres. Du moins, c'est le cas ici. Après avoir soudainement développé une intelligence, et surtout une conscience, humaines, les gallinacés ont du se battre pour être reconnus comme étant égaux aux humains. Jake, poulet de la deuxième génération, n'ayant donc pas connu les élevages ni les abattoirs (ni les nuggets donc), vit dans un monde où les Nations Unies ont officiellement déclaré les gallinacés comme étant des êtres humains, protégés par les Droits de l'homme. Il n'en reste pas moins les rancœurs transmises du passé, le racisme ordinaire et la méfiance réciproque. Classique quoi. C'est à travers le journal de son père, Elmer, que l'histoire de cette révolution nous est racontée. Ce qui est épatant, c'est que Gerry Alanguilan arrive, par son trait, à humaniser ces poulets de façon tout à fait réaliste. Et si la métaphore du livre est évidente, on n'en reste pas moins scotchés du début à la fin. Vous pourrez trouver les premières planches sur ce forum (je n'ai pas trouvé en français, alors il va falloir faire un petit effort de traduction, mais ça va vous entraîner pour les futures épreuves de concours n'est-ce pas ?).




















Après avoir lu cette bande dessinée, je vous mets au défi de manger du poulet sans avoir une petite pointe de culpabilité (bien que fugace, les aiguillettes de poulet à la moutarde, c'est sacré). La seule question qui restera sans réponse (et je remercie l'auteur de nous épargner ce traumatisme), c'est comment diable les couples mixtes de cette histoire font-ils pour procréer ? Merci de ne pas m'envoyer vos suggestions.



lundi 22 août 2011

Dans l'épisode précédent

Ces dernières semaines, j'ai eu un peu le courage d'un bulot sous Lexomil (vous voir tous partir en vacances m'a épuisé). J'ai donc fait une petite pause de blog. Là comme ça. Mais il faut bien accepter, à un moment donné, le fait que les vacances soient finies (après 2 mois de reprise, pour ma part, ça devient même franchement nécessaire ceci-dit). On va donc reprendre en douceur, avec un petit résumé des liens intéressants qui me sont passés sous la main cet été (une revue de web de la bibliosphère qu'on appelle ça, ça fait plus professionnel).

Les bibliothécaires ont été très en forme cet été : tandis que chez Bibliopathe, on s'est fait de nouveaux amis (il semblerait qu'entre-temps, un drame soit malheureusement survenu dans le monde de Maurice et Colette), Mlle Salt, elle, nous raconte la vie sexuelle de ses pensionnaires, et revisite le mythe du préservatif en bibliothèque (qui n'a pas entendu un jour cette légende urbaine susurrée entre deux étagères à l'heure de la pause café ?). Et pour rester dans la thématique, chez Banned library, on s'est creusé les neurones pour arriver à sortir 7 bonnes raisons d'autoriser le porno en bibliothèque, et ils ont l'air d'avoir mis de l'hardeur au travail (oui bon fallait bien que quelqu'un la fasse celle-là).

Quelques nouveaux blogs qui sortent de l'ordinaire se sont ajoutés dans mon agrégateur : Booketing, qui parle de livres et de design. En bibliothèque on parle de "beaux livres", Booketing est un "beau blog" qui fait plaisir aux mirettes.
Book and Buzz, dans le même esprit, aborde le marketing et la communication littéraire. On y retrouve aussi bien des campagnes d'éditeurs qui valent le détour, que des actions en bibliothèque, comme les fameuses bibliothèques vivantes et plein d'autres choses encore.
Je suis également devenue accro à Vendredi Lecture. Pas tellement au blog en lui-même, mais au concept (adaptation française du Friday Reads). Chaque vendredi, vous partagez sur leur page facebook ou sur twitter (hashtag #vendredilecture) le ou les bouquins qui vous accompagnent en ce moment. Cette petite habitude m'a permis de découvrir que je partageais pas mal de lecture en commun avec d'autres twittos, qui m'ont eux-mêmes bien conseillée en matière de bouquins ces derniers temps (je ne connais que des gens de bon goût c'est merveilleux). Et pour ceux qui ne sont pas convaincus, un tirage au sort parmi les participants permet de gagner les livres mis en jeu. Il se trouve qu'en plus de ça, la demoiselle qui est à l'origine de cette action tient également un blog sur la littérature fichtrement bien foutu : The Buried Talent, avec notamment une revue de web hebdomadaire où l'on trouve toujours quelque chose d'intéressant à se mettre sous la douchette.

Pendant ce temps là, à Toronto, les bibliothèques sont quelques peu bousculées par une mairie qui pense que bon, là vous êtes bien gentils tout ça, mais ça coûte bonbon vos livres et vos employés, on va vous privatiser tout ça et roule Germaine. Tape 1 si tu trouves que Germaine elle nous casse les cacahuètes avec ses bibliothèques, tape 2 si tu veux que Germaine puisse continuer d'aller à la bibliothèque.

En attendant, les Canadiens, je vous signale qu'ils sont au taquet quand il s'agit de communiquer autrement. Au Québec, à la Bibliothèque Sainte-Thérèse, vous êtes plutôt bien accueillis :

(photo trouvée chez Bibliomancienne)

Ceux qui ne sont pas convaincus pourront toujours se rabattre sur les bibliothèques de Corée du Nord. Certes, cela fait peut-être légèrement ressortir le côté obsessionnel et carré (et décrépit) de notre métier :


Rangées de postes stéréos sur les bureaux d'une discothèque, à la Grand People's Study House, Pyongyang, Corée du Nord. AP Photo/David Guttenfelder.

Et pour vous motiver à commencer cette rentrée pleins d'enthousiasme, de patience et d'amour pour les lardons braillards, les parents stressés, les vieux qui sentent la naphtaline et autres hystériques de la fiche retour ("mais vous avez pas mis la daaaateuh, d'habitude-il-y-a-la-date-comment-je-vais-faire-moi-pour-vous-rendre-les-livres hein hein ?" *implosion*), je vous conseille un article qui date mais qui m'a fait faire pipi sur place (enfin sur la chaise du collègue plus précisément) par un bibliothécaire coincé en Enfer (mais qui a réussi à s'échapper et officie désormais au frais).

Je rappelle cependant que toute tentative visant à transformer vos douchettes en arme à feu est strictement interdite.

vendredi 24 juin 2011

Pause rakomelo

Je coupe le son et l'image pendant 10 jours, plus de facebook, plus de twitter, plus de veille bibliothéconomique (plus de vidéo de Cookie Monster donc, je vais décéder), plus d'Internet quoi... Le pire, c'est que je ne me rappelle plus la dernière fois que ça m'est arrivé de déconnecter aussi longtemps (je me remercie moi-même de n'avoir toujours pas acheté de smartphone, sinon j'aurais craqué, je suis faiblesse). Donc je pars, oui, mais je ne pouvais pas partir sans vous faire baver un peu, c'est dans mon tempérament, j'aime faire baver les gens que voulez vous... Vous pourrez donc me trouver là-bas :


Vous me reconnaitrez facilement, je serais en train de ronfler sur la plage, un livre comme oreiller et Miguel pour me servir mon rakomelo (un coléoptère bien éduqué sait faire ça). Ah oui et j'aurais deux bibliothécaires à mes côtés, mesdemoiselles Aurélie et Marie, on ne se refait pas hein !

mardi 14 juin 2011

Call me Boucle d'or

Loin de moi l'idée de monter une réclame publicitaire, mais je voudrais causer un peu du site Babelio. Alors oui, on peut très bien se passer de ce site, mais vous savez, c'est un peu comme les micro-ondes, on a survécu des années sans en avoir besoin, et une fois qu'on a fait tiédir son premier bol de céréales en moins d'une minute, on est dépendant pour l'éternité.

Moi qui ai commencé à faire des listes de livres sur une dizaine de supports différents (cahiers, tableurs (c'est très bien les tableurs, y a des cases, c'est aligné, propre tout ça), post-it, morceaux de nappe en papier (ça c'est mon bordélisme qui se rebelle contre les tableurs)...), j'ai enfin trouvé un site où je regroupe tout ça, et surtout, qui me donne vraiment envie de passer 10 minutes à rédiger un avis sur les bouquins qui me passent entre les mains. Alors oui, on se rend vite compte que pour le dernier Hessel ou Pancol (oui dans la même phrase et côte à côte, c'est cadeau pour les puristes), ça n'a pas grand intérêt. Mais pour les livres moins grand public, c'est un bon moyen de les connaître et les faire connaître (personne, par exemple, pour commenter le comics Les tortues ninja à part moi, heureusement que certains se sacrifient). Sans m'en être vraiment servi pour l'instant (traduisez par "je n'ai pas d'amis"), l'aspect communautaire semble en plus bien marcher entre les utilisateurs.

Comme, par dessus le marché, les Trois ours qui gèrent le site (une sombre histoire de vol de soupe je crois) ont développé pas mal de partenariats, ils organisent régulièrement l'opération "Masse critique", qui permet aux utilisateurs de recevoir des livres gratuitement (même pas besoin de se déshabiller c'est fou), en échange d'une critique sur Babelio ou sur leur blog. Bon honnêtement, choisir quels titres on souhaiterait recevoir est sans doute le plus difficile (surtout quand on a une centaine de Bd qui apparaissent à l'écran).

Le premier livre que j'ai reçu, je l'avais choisi notamment parce que j'apprécie bien les éditions des Allusifs, que j'ai découvert l'année dernière avec La cote 400 de Sophie Divry et Le triomphe du singe-araignée, de Joyce Carol Oates, et le thème de cette nouvelle collection, basée sur les peurs, donnait envie. Auto-stop, de Daniel Bélanger, est construit autour de la peur de vivre et d'exister. Chanteur apparemment bien connu au Québec (je vais me faire lyncher par les discothécaires d'avouer mon ignorance), l'auteur a écrit ce texte sous la forme d'une longue chanson. Vincent, 19 ans, part faire un périple à travers l'Europe, par envie de fuir le foyer familial plus que pour la découverte et les plaisirs des voyages. Suffisant, blasé et bien à l'abri de tout élément non prévisible, enfermé dans sa solitude, Anna va lui tomber dessus à Florence et le retenir quelques jours dans une sorte de bulle chaude où il va se laisser aller à l'insouciance et à l'envie de s'attacher à cette fille dont il ne connaît rien, "troublante parce que impénétrable autrement qu'en son sexe". Mais quand vient l'occasion soudaine de s'installer avec elle, la peur lui fait quitter la ville sans explications pour Anna : "Je l'ai embrassée, me suis rhabillé, suis sorti avec cette allure du gars qui part mais qui reviendra bien sûr, lui faisant un clin d’œil complice et un tendre sourire, comme ceux que je faisais quand je ne revenais pas." Il lui faudra quelques jours à Venise pour se décider à revenir vers elle, partie, comme lui, sans laisser de traces. Une lettre viendra finalement lever une supercherie qui aura réussi à le détourner de sa solitude voulue et de ses peurs qui le paralysaient. Un joli petit livre en somme, poétique, un brin mélancolique, et qui donne envie de secouer ce Vincent comme un prunier pour qu'il sorte enfin de ce monde centré sur sa petite personne.

Je n'aurais pas forcément été vers ce livre autrement que par l'entremise de Babelio (je n'en ai d'ailleurs entendu parler que chez eux), et pour le coup, je trouve ça plutôt bien que ce genre d'opération fasse découvrir des livres dont on parle peu, contrairement à ce que j'ai pu lire dernièrement sur certains blogs. Je suis une vendue, donc. Call me Boucle d'or.

lundi 30 mai 2011

Les concours, c'est le mal

Oui parce que comment dire, quand tu passes un concours (ce qui fut le cas mercredi dernier pour environ la moitié des bibliothécaires de ce pays), ton cerveau reptilien te fait vite comprendre, par une logique implacable, qu'il va bien falloir éliminer un certain nombre de candidats, jusqu'à ce qu'il en reste juste autant que de postes disponibles.

Il y a la méthode révisions-de-malade-pendant-deux-ans, assez raisonnable et non violente. Et puis il y a les fantasmes : jeter un chat sur les rails du RER pour le bloquer le temps voulu, provoquer une grève des taxis, réserver toutes les chambres des hôtels alentours, afficher un panneau indiquant un changement de salle impromptu à 10 km de là, attendre que toutes les toilettes soient au complet (ce qui n'est vraiment pas difficile dans un bâtiment rempli de bibliothécaires féminines) pour bloquer les serrures avec du chewing-gum, glisser des feuilles de pompe sur les tables des voisins, puis les dénoncer, bien évidemment... Certains ont même suggéré, au vu du manque de bouffe potable à moins de 2 km des salles de concours, de faire vendre des sandwichs avariés par un pote pendant la pause déj' (ce qui a le second avantage de se faire de la thune), d'autres encore, moins stratégiques et patients, de crever tout simplement les yeux des enquiquineurs à l'aide d'un stylo bien acéré.

Dans la réalité, certains fantasmes se sont réalisés : tous les RER se sont vus bloqués (travaux ou chats projetés sur les rails, allez savoir) pour un temps indéterminé. Dommage, j'étais dedans. Remarque, ça élimine les candidats moyennement motivés qui ont préféré attendre de voir si il allait finir par démarrer (y en a plus qu'on ne croit). Mode alternatif de transport (et fichtrement coûteux), le taxi. Dommage, y avait grève des taxis. Enfin dommage pour ceux qui n'en ont pas trouvé un (et non je n'ai rien fait de répréhensible pour en chopper un, j'ai même accepté de partager avec un candidat, preuve de ma bonté d'âme. Certes, il était candidat au concours de coiffure qui se déroulait au même endroit, mais ça n'enlève rien à la dite bonté). Enfin, un big up aux candidats éliminés lors de l'épreuve de l'après-midi, pour être rentrés trop tard de la pause déjeuner (à savoir après la distribution des copies). Je ne sais pas si quelqu'un avait mis du chewing-gum là où il fallait, mais ils auraient pu jouer cette carte pour apitoyer les surveillants.

Mais j'ai aussi pas mal pensé à ces bibliothécaires qui forment des réseaux sur Facebook ou sur Twitter, ceux qui vous aident à remplir votre copie d'exemples pratiques, d'idées nouvelles, de noms de bibliothèques qui vous diront vraiment quelque chose, pas seulement parce que vous l'avez lu dans le dernier Livres Hebdo. Mais parce que vous savez que les bibliothécaires toulousains twittent comme ils respirent, mettent en place des tables DIY et sont au taquet sur le web 2 et le numérique. Que les Rouennais vous font découvrir l'ouverture de leur dernière bibliothèque (moyen mnémotechnique : Simone, elle est bonne) et les problèmes de la mise en place de la RFID. Que lorsque vous avez besoin de citer le nom d'une BMVR, c'est Limoges qui vient immédiatement à l'esprit, tout ça parce que Mickaël Jackson va y faire péter ses madeleines Bijou. Que les bibliothèques patrimoniales vous semblent moins éloignées de votre quotidien quand vous suivez certains twittos. Que grâce aux collègues de la BPI qui ont fait passer cet article sur les meilleurs endroits pour faire la sieste à Paris, vous savez que cette bibliothèque est un modèle quant aux horaires d'ouverture. Que vous vous sentez moins perdus concernant les problématiques des discothèques, quand vous suivez les débats de certains disco facebookiens. Que les geeks bibliothécaires multimédia sont là pour transmettre la moindre info concernant l'amélioration d'un portail et de services numériques. Que les bibliothécaires québécois font de belles choses autour du jeu vidéo, et que ça commence à germer un peu partout dans les bibliothèques françaises. Que les bibliothécaires jeunesse vous font partager leur amour des enfants comme personne (nan ça c'était une blague, en revanche ils pourront vous apprendre différentes techniques de neutralisation de mouflets en furie).

Tout ça pour dire que oui, les réseaux sociaux peuvent vous permettre de réviser un concours sans même vous en rendre compte, mais que surtout, au même titre qu'une pause cigarette un jour de formation, ils sont l'occasion d'apprendre sur votre métier et d'appréhender les débats qui le font évoluer. Et ça c'est quand même vachement bien.

Et puis si vous avez besoin de quelques conseils d'élimination de
candidats, ou si vous voulez partager des anecdotes de concours, je vous conseille d'aller voir le groupe Facebook créé par la Desperate librarian housewife : "Vous avez passé un concours ?" (c'est là qu'il est question de stylo qui crèvent des yeux, entre autres).

mercredi 18 mai 2011

Le retour de bâton de la glace pilée aromatisée

Donc là en ce moment, je me la coule douce, genre bronzette les pieds dans l'eau, une pile de bouquins pas très loin, un accès Internet à côté, une margarita frappée à ma droite, un coléoptère amorphe et totalement inutile à ma gauche. Un peu comme ça :

Oui je vends du rêve je sais (ce dessin est là pour vous aider à visualiser, donc le premier qui me fait une remarque sur sa piètre qualité intrinsèque se prend une volée de glaçons dans un endroit non encore défini).

Il semblerait, cependant, que quelque chose cloche, j'ai dû oublier un point important.

Ah oui, c'est ça.

vendredi 29 avril 2011

Do you like to shush ?

L'activité préférée des bibliothécaires ? Je mettrais, en pôle position, gommer les petits mots laissés dans les livres au crayon de papier (quand on est chanceux) par nos lecteurs adorés (un jour j'ai trouvé dans un livre "bon courage aux bibliothécaires qui devront effacer ces mots". J'étais à deux doigts de provoquer une combustion spontanée dans un accès de colère tout à fait maitrisé).

Mais juste, juste derrière, en seconde position, je dirais faire taire les gens trop bruyants par un non moins bruyant "CHHHHUUUUUT" bien à propos (en terme de cliché, la bibliothécaire chignon-à-lunettes-qui-fait-chut se pose là). Notez que c'est une activité tellement répandue que les anglophones lui ont collé un verbe : to shush.



Si vous préférez anticiper, vous avez la version t-shirt assez dissuasive (moi je visualise un bibliothécaire, hache à la main, déclenchant un bain de sang pour un éternuement).





Il semblerait que les bibliothécaires shushent particulièrement en bibliothèque universitaire (essayer de faire régner le silence en section jeunesse d'une bibliothèque municipale un mercredi après-midi est par exemple inenvisageable, voire suicidaire (les poussettes possèdent des ressources insoupçonnées)). La Ryerson Library a par exemple mis en place une opération marketing pour son Silent Floor assez... euh, claire :


Le silence des agneaux tu connais ? Je sais pas si c'est moi qui suis d'humeur sanguinolente, mais en tout cas je ne me risquerais pas à aller parler au silent floor, j'aurais trop peur qu'on me colle une grosse étiquette colorée sur la bouche. Finalement, arriver à me couper l'envie d'ouvrir mon clapet, on peut appeler ça une campagne efficace.
(La campagne de pub a été créée par Chris Hernandez, plus d'infos sur son site.)

Mais attention, le chut ne vient pas comme ça, d'un coup de cuillère à pot. Le chut se travaille. Le chut révèle la personnalité du bibliothécaire. Le chut peut être franc et prolongé, ou timide et concis. Le chut est une vraie prise de position en somme. Heureusement, pour les non-initiés, la bibliothèque de Grenoble nous a sorti une petite vidéo explicative de derrière les chariots. Voilà qui devrait vous ouvrir de nouveaux horizons :



De mon côté, je pense pouvoir m'épargner la peine d'ouvrir la bouche,et ce en arborant un simple badge :


lundi 4 avril 2011

Un Cookie Monster tous les matins, et motivé tu seras

Je sens comme un petit coup de mou chez les bibliothécaires. Les concours sont en train de faire des ravages, je vois défiler les retours négatifs sur twitter, et quelques blogueuses ont partagé cette baisse de moral et leurs interrogations quant à leur avenir dans la profession, notamment chez Delphine's books et Liber, libri. Personnellement, je n'arrive déjà pas à réviser correctement quand je passe un seul concours dans l'année, alors quand je vois certains qui les enchaînent sans réussir, mon moral descend aussi jusque dans les charentaises (quand un twitteur m'a parlé de 7 concours dans l'année, j'ai failli mourir de stress rien que d'imaginer le nombre de feuilles blanches à noircir. J'suis très empathique comme fille).

Alors pour tous ceux qui sont en révision intensive, qui ont raté des concours, qui restent contractuels à défaut de mieux, qui sont titulaires mais n'arrivent pas à choper LE poste, qui n'arrivent pas à trouver de poste tout simplement, les étudiants qui vont bientôt devenir accro à Biblioemplois, ceux qui pensent reconversion parce que y en a marre (je me demande quel pourcentage de la profession on atteint là), je voudrais vous rappeler plusieurs choses :

Premièrement, ANYTHING is possible when you're in a library !



Un lieu de travail où tout est possible, même se déplacer à dos de chariot, ça vous donne envie de continuer quand même nan ?

(Cette vidéo est légèrement dérivée de cette célèbre pub, oui parce que si vous ne la connaissez pas c'est nettement moins drôle en fait.)


Deuxièmement, peut-être qu'un jour, vous aurez affaire à des lecteurs aussi cools que Cookie Monster. Cette perspective devrait vous remotiver pour quelques années :



Et si, au hasard d'un sujet de concours, vous tombez sur le thème des bibliothèques 3e lieu, pensez à parler de l'instauration d'un bar à cookies, ça devrait faire son petit effet (messieurs mesdames les jurés, coucou Image du Blog chezfanfan.centerblog.net).


dimanche 27 mars 2011

Du Brut de pommes (avec de la crème merci)

La Bd de ce dimanche, je l'ai reçue dans mon courrier cette semaine, joliment emballée par les soins de la tenancière du blog Suprbo (merci merci !), après l'avoir gagnée à un concours. Normalement, la poisse veut qu'à chaque concours je gagne des cafetières, même quand il n'y en a pas en jeu (je sais c'est fou). Alors imaginez un peu ma joie de gagner un LIVRE. Pour l'info, j'adore recevoir de jolis paquets, si vous ressentez un besoin irrépressible d'en envoyer un, je saurais vous soulager.

Dans ma boîte aux lettres, j'ai donc trouvé ça :


Je ne connaissais pas du tout Lolmède, j'ai découvert dans ce Brut de comix (chez United dead artists) des scènes de la vie quotidienne, des petits instants, des bonheurs ou des réflexions de l'auteur. En fin de compte, on a l'impression de suivre des instants de sa vie, qui parfois se recoupent avec les nôtres et nous remettent des souvenirs en tête : un café en terrasse, un trajet en train, des blagues potaches, un concert, une expo sur Munch, un week-end en Normandie (les Normands sont accueillants, j'avais déjà envie d'y retourner, maintenant je pourrais échanger le plus beau de mes lecteurs contre une vraie tarte aux pommes. Avec de la crème. Un prix raisonnable somme toute.), les manifs contre la réforme des retraites (je ne connaissais pas le slogan "Sarko m'e***, le Medef me lubrifie", un grand regret que je ne l'ai su à ce moment là)...

Un petit livre à siroter au soleil quoi ! (bon heureusement pour moi ça marche aussi avec la pluie)

Vous pouvez aller sur le blog du monsieur pour en voir un peu plus.


dimanche 6 mars 2011

Quand les lecteurs se mettent à porter le chignon-à-lunettes

Parfois, je soupçonne les chignons-à-lunettes de s'infiltrer en douce parmi les lecteurs :

Réservation 1


Réservation 2


Mais je préfère me dire qu'ils s'inquiètent juste de savoir si les bibliothécaires ne vont pas finir par coucher sous les ponts, et c'est plutôt prévenant de leur part.

mardi 22 février 2011

Dans ma bibliothèque idéale #1

Si si, vous savez, la bibliothèque où l'on a tous rêvé de travailler, celle où toute l'équipe ne serait composée que des collègues avec qui on partage aussi bien les envies et les idées que les verres de bière/vin/mojitos/plateaux de fromages/bobuns/éclairs au chocolat... (oui de manière générale les bibliothécaires ont la bouffe joyeuse je les aime), celle où l'on aurait tout le budget que l'on souhaite, où les lecteurs seraient toujours de bonne humeur (un peu comme les bibliothécaires, prenez exemple sur nous flute !)...

Pensons d'abord à l'aménagement. Déjà, il faudrait un moyen rapide et pratique pour se déplacer. A l'université de Munich, ils ont tout compris. Ou comment aller chercher un livre en réserve en moins de 2 minutes :





Ensuite, penser aux postérieurs. Une bibliothèque qui ne ménage pas le postérieur de ses lecteurs ET bibliothécaires peut aller se faire voir aux Pays-Bas. Au moins elle y découvrira que la RFID ne sert pas qu'à passer des livres en prêt/retour :





Mieux que la patte d'éléphant que l'on oublie toujours dans un rayon (la question étant de savoir lequel), nan ? Et puis au moins, on est sûr qu'aucun petit vieux n'aura "malencontreusement" pris notre siège le temps d'aller chercher un livre en rayon, et après tout c'est bien normal.

Et puis dans une bibliothèque idéale, on aurait tellement de budget qu'évidemment on aurait un service de bibliobus. Et là je voterais volontiers pour celui des bibliothèques de Montréal (chez qui on ferait bien de prendre beaucoup d'autres choses d'ailleurs). Regardez-moi ça comme c'est bô :


Franchement je demande pas grand chose...

lundi 14 février 2011

J'ai failli mouru, j'ai lu, j'ai survécu

Ce week-end, j'étais au bord du décès. Je me suis choppé un bon vieux virus de derrière les fagots c'était très sympa. Du coup, après avoir passé deux jours entier au fond de mon lit, deux constats : 1, j'ai une haleine d'Actifed. 2, j'ai tellement dormi pendant mon week-end que je devrais être au top pour commencer ma semaine de boulot. Ma conscience professionnelle est indépendante de ma volonté c'est très désagréable.
Comme hier encore, non seulement j'avais 20 ans, mais en plus me retrouver devant un écran me donnait l'impression que mes globes oculaires sortaient de leurs orbites pour aller se balader allègrement sous mon crâne sans prendre en compte que le cerveau n'aime pas trop être bousculé, les Bd du dimanche seront des Bd du lundi.

Après ce petit intermède santé, les Bd, donc. Je ne m'en suis pas tout de suite rendue compte, quand j'ai chipé mes Bd du dimanche dans la pile des livres à cataloguer (oui çaymal), mais j'ai fait un combo Fred Bernard ce week-end (et j'ai fichtrement bien fait).




















La première, L'homme bonsaï (Delcourt, 2009) est une adaptation d'un album jeunesse (Albin Michel jeunesse, 2003) qu'il avait lui-même écrit, illustrée par François Roca. Un vieux marin conte les mésaventures d'un potier, enlevé par des pirates, abandonné sur une île, et qui voit une petite graine se planter sur sa tête puis se transformer en bonsaï. Sauvé par des pirates chinois, il va devenir lui-même un pirate redoutable. L'histoire est prenante et les illustrations de Roca lui donne une touche un peu nostalgique et douce. Comme je suis un peu une brelle en littérature jeunesse (mais mes collègues jeunesse sont en train de me prendre en main ne vous inquiétez pas), je ne connaissais pas ce dernier. Je me suis pris une avalanche de "quewaaa comment c'est possiiiible, tu connais paaas" (toujours les collègues), du coup ça va mieux là.
Toujours est-il que j'ai préféré la Bd. Probablement parce que j'ai eu la mauvaise idée de la lire en premier. Elle est tellement foisonnante que l'album m'a paru un peu léger, avec des manques. Et le dessin de Fred Bernard, plus brut que celui de Roca, moins fluide et plus fouillis, les couleurs beaucoup plus vives, tout cela décale avec les illustrations que l'on pourrait attendre d'un conte et ça marche très bien ! La Bd a aussi l'avantage de développer beaucoup plus le personnage, qui raconte lui-même son histoire, et à la première personne, on ressent beaucoup mieux les injustices, la peur, le pouvoir, l'amour (eh oui, le géant version bleue est sexué, et souple visiblement).

Pour le feuilleter, c'est par .

Cléo : les aventures d'une jeune femme prétendument ordinaire (Nil, 2010) montre une autre facette du travail de Fred Bernard : le portrait de jeunes femmes contemporaines, un peu rockn'roll. Dans le même style, j'avais lu il y a pas mal de temps Lily love peacock, mais il ne m'avait pas trop convaincue. Par contre cette Cléo est soufflante. On se demande un peu comment un homme a réussi à faire un portrait aussi réaliste et en même temps onirique d'une jeune femme, en tombant aussi juste. Soit il est doué d'une extrême empathie, soit il a réussi à infiltrer la gent féminine. En tout cas le dessin est très beau, bourré d'imagination, la fin bien trouvée, et la bande son très bien choisie. Et comme on a tous un hippopotame (ou un coléoptère) qui nous suit partout, allez vite me lire ça.

vendredi 21 janvier 2011

Message d'amour pour les travailleurs du samedi

Je sais pas pour vous, mais moi j'aime pas trop les gens, surtout quand je sors de chez moi et qu'il est 8h30 du matin (bon ok 8h50, je vais encore être en retard au boulot). C'est pour ça que le matin que je préfère pour aller bosser, bah c'est le samedi (si on enlève bien sûr la conscience du fait que tout le monde dort jusqu'à midi ce jour-là, et qu'aucun des je-fais-ma-semaine-lundi-vendredi-comme-tout-le-monde n'ira bosser avant deux jours, bientôt un billet je-me-lève-à-midi-le-lundi-et-ça-n'est-que-justice).

Donc évidemment, ma couette se rappelle douloureusement à mes yeux encollés et mon cerveau insuffisamment irrigué, mais la fonction « Trajet maison-bibliothèque en mode automatique » est généralement fonctionnelle (sans quoi il m'arrive d'errer pour finir par demander au boulanger si il a besoin que je lui catalogue une gougère ou que je couvre ses p'tits pains au chocolayayayayaaaay).

Je suis donc mon instinct pour me retrouver dans la rue et là une sensation de tranquillité béate s'empare de moi : je me retrouve dans une rue quasi-dépossédée de toute vie humaine... Et les travailleurs du samedi, pour peu qu'ils aient au choix, 1, le réveil agressif, 2, des tendances asociales, 3, un subtil mélange des deux, savent bien qu'il s'agit là d'un événement suffisamment rare pour être apprécié au même titre qu'un accueil de classe sans cri ni hurlement .

A mesure que l'on descend en direction de l'arrêt de bus/la bouche de métro/la voiture garée trois rues plus loin, cette sensation d'apaisement grandit : pas de petite vieille slalomant avec son chariot à courses, pas d'éboueurs prenant leur pause clopes en groupe, reluquant tout concentré d'œstrogènes au passage, pas de lardons faisant des courses de cartable à roulettes (invention du diable), pas de bandes de pré-ados tentant de contrer leur mal-être existentiel par le port intensif du string et du pantalon taille sous-fesses... On aurait presque envie de sauter au cou des deux âmes qui se retrouvent à arpenter la rue déserte en même temps que nous et de leur faire un gros câlin tellement on se sent bien.

Et à ce moment très précis, j'ai une tendresse particulière pour les usagers des transports en commun du samedi matin.

Ce moment où l'on arrive en vue de l'arrêt de bus/dans le métro, on l'entend arriver, on court comme un dératé alors qu'on sait parfaitement qu'on ne l'aura pas, et on se retrouve, au mieux pantois sur le trottoir/le quai à maugréer parce qu'on vient de se rappeler que le samedi matin, le bus/métro passe deux fois moins souvent (soi-disant il y a moins de monde que les autres jours de la semaine), au pire le cul par terre les jours de pluie ou de neige, sur le même trottoir/quai, à maugréer contre les travailleurs du lundi.

Heureusement pour mon épiderme fessier, je n'ai pas encore à réitérer l'exploit le dimanche.

dimanche 16 janvier 2011

Pour aller à la pêche aux moules, mieux vaut ne pas être moche et remoche

Comme ce titre l'indique, ma bd du dimanche est pleine de poésie et de métaphores délicates. Si vous avez besoin de vous bidonner un tantinet, je vous conseille Lo, de Lucie Durbiano (Gallimard, 2010). L'auteur s'est inspirée de la pastorale de Longus, Daphnis et Chloé, et raconte l'histoire de Lo, jeune et jolie nymphe qui tombe amoureuse du berger Daphnis, lui-même amoureux de sa bergère, Chloé.

Partir de la mythologie pour une bd, c'est déjà assez rare pour être original. Le dessin semble assez enfantin et innocent à première vue, mais dès les premières cases de la 4e planche, on sent qu'il y a quelque chose de louche, et là, j'ai commencé à ricaner toute seule (signe indiscutable d'une bd de qualité). Et j'ai recommencé plusieurs fois. Il faut dire que je suis très sensible aux blagues potaches, jeux de mots un rien facile (hum) et sous-entendus graveleux, surtout quand on ne s'y attend pas. Certaines phrases sont déjà devenues cultes sur la toile (j'ai enfin compris d'où sortait ce "mieux vaut être belle et rebelle que moche et remoche") et personnellement, j'ai bien cru que mes zygomatiques allaient mourir à cause d'une certaine "pêche aux moules".




Même ce tableau est joliment détourné, Daphnis et Chloé étant remplacés par un autre couple que Sappho n'aurait pas renié.


Et puis un auteur qui, quand il s'agit de faire voler Zeus, se réfère à la technique de Superman, est forcément un bon auteur.

dimanche 9 janvier 2011

"Si j'étais bibliothécaire, je lirais des Bd toute la journée..."

J'ai décidé de laisser tous ses espoirs à l'adolescent qui m'a confié cette phrase comme un secret (genre "vous le répétez à mes potes je remets plus les panards chez vous", encore que je doute que les adolescents d'aujourd'hui utilisent le mot panard). Alors que j'allais lui confier qu'en tant que bibliothécaire, il n'aurait probablement pas le temps de lire sur son lieu de travail (enfin pas le droit serait plus juste), Miguel m'a susurré qu'il serait peut-être bon de le laisser espérer, sinon, comment on va récupérer de nouvelles recrues hein ?? Arguments acceptés.

Moi, je suis devenue bibliothécaire, du coup je lis mes bd le dimanche, comme tout le monde en fait (c'est fou ce qu'on peut être consensuels dans la profession).

Les trois bd d'aujourd'hui ont comme point commun le thème du conte :



L'Île sans sourire, d'Enrique Fernandez
Drugstore, 2009

Un homme arrive un soir d'orage sur l'île de Yulkukany, île de baleiniers. Triste, pessimiste voire agressif, il va devoir composer avec son exact opposé : Elianor, petite fille joyeuse, optimiste et énergique, avec une imagination sans limites. On devine facilement comment va finir cette jolie fable fantastique, mais les personnages sont surprenants et le dessin magnifique (le monsieur a apparemment été influencé par les studios Ghibli et Dreamworks, et ça se voit), particulièrement au niveau des paysages et des animaux (amis geeks, il y a un chat qui parle, ça va vous plaire).



Pour aller voir les premières planches, c'est sur Bd Gest.



Le Signe de la lune, d'Enrique Bonet et José Luis Munuera
Dargaud, 2009

Quand on lit ce conte, on a l'impression de l'avoir déjà entendu souvent dans notre enfance : il reprend les basiques, des enfants apeurés, des symboles mystiques (la lune attirante et effrayante), des méchants, une histoire d'amour contrariée, un peu de magie, une forêt dangereuse... C'est joli, poétique, et le dessin est superbe, en noir et blanc avec cette cape rouge sang qui nous rappelle que le petit chaperon n'est jamais à l'abri du danger...

Le blog est par .




Jolies ténèbres, Fabien Vehlmann et Kerascoët
Dupuis, 2009

Un début de conte de fée un peu niais : un prince, une princesse, une tasse de thé. Très vite, ce petit monde "adorable" tombe en morceaux, les habitants étant obligés d'abandonner leur logement, à savoir une petite fille morte dont la décomposition les amène à chercher un autre endroit où vivre. Ambiance bonne enfant donc. Le dessin de Kerascoët fait penser à un album pour enfant tout mignon, c'est d'autant plus jouissif lorsque les petits personnages se mettent à s'entretuer à la façon de South Park. C'est étonnant comme la cruauté et l'innocence font bon ménage avec l'absurde.





Les premières planches par .
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