mardi 14 juin 2011

Call me Boucle d'or

Loin de moi l'idée de monter une réclame publicitaire, mais je voudrais causer un peu du site Babelio. Alors oui, on peut très bien se passer de ce site, mais vous savez, c'est un peu comme les micro-ondes, on a survécu des années sans en avoir besoin, et une fois qu'on a fait tiédir son premier bol de céréales en moins d'une minute, on est dépendant pour l'éternité.

Moi qui ai commencé à faire des listes de livres sur une dizaine de supports différents (cahiers, tableurs (c'est très bien les tableurs, y a des cases, c'est aligné, propre tout ça), post-it, morceaux de nappe en papier (ça c'est mon bordélisme qui se rebelle contre les tableurs)...), j'ai enfin trouvé un site où je regroupe tout ça, et surtout, qui me donne vraiment envie de passer 10 minutes à rédiger un avis sur les bouquins qui me passent entre les mains. Alors oui, on se rend vite compte que pour le dernier Hessel ou Pancol (oui dans la même phrase et côte à côte, c'est cadeau pour les puristes), ça n'a pas grand intérêt. Mais pour les livres moins grand public, c'est un bon moyen de les connaître et les faire connaître (personne, par exemple, pour commenter le comics Les tortues ninja à part moi, heureusement que certains se sacrifient). Sans m'en être vraiment servi pour l'instant (traduisez par "je n'ai pas d'amis"), l'aspect communautaire semble en plus bien marcher entre les utilisateurs.

Comme, par dessus le marché, les Trois ours qui gèrent le site (une sombre histoire de vol de soupe je crois) ont développé pas mal de partenariats, ils organisent régulièrement l'opération "Masse critique", qui permet aux utilisateurs de recevoir des livres gratuitement (même pas besoin de se déshabiller c'est fou), en échange d'une critique sur Babelio ou sur leur blog. Bon honnêtement, choisir quels titres on souhaiterait recevoir est sans doute le plus difficile (surtout quand on a une centaine de Bd qui apparaissent à l'écran).

Le premier livre que j'ai reçu, je l'avais choisi notamment parce que j'apprécie bien les éditions des Allusifs, que j'ai découvert l'année dernière avec La cote 400 de Sophie Divry et Le triomphe du singe-araignée, de Joyce Carol Oates, et le thème de cette nouvelle collection, basée sur les peurs, donnait envie. Auto-stop, de Daniel Bélanger, est construit autour de la peur de vivre et d'exister. Chanteur apparemment bien connu au Québec (je vais me faire lyncher par les discothécaires d'avouer mon ignorance), l'auteur a écrit ce texte sous la forme d'une longue chanson. Vincent, 19 ans, part faire un périple à travers l'Europe, par envie de fuir le foyer familial plus que pour la découverte et les plaisirs des voyages. Suffisant, blasé et bien à l'abri de tout élément non prévisible, enfermé dans sa solitude, Anna va lui tomber dessus à Florence et le retenir quelques jours dans une sorte de bulle chaude où il va se laisser aller à l'insouciance et à l'envie de s'attacher à cette fille dont il ne connaît rien, "troublante parce que impénétrable autrement qu'en son sexe". Mais quand vient l'occasion soudaine de s'installer avec elle, la peur lui fait quitter la ville sans explications pour Anna : "Je l'ai embrassée, me suis rhabillé, suis sorti avec cette allure du gars qui part mais qui reviendra bien sûr, lui faisant un clin d’œil complice et un tendre sourire, comme ceux que je faisais quand je ne revenais pas." Il lui faudra quelques jours à Venise pour se décider à revenir vers elle, partie, comme lui, sans laisser de traces. Une lettre viendra finalement lever une supercherie qui aura réussi à le détourner de sa solitude voulue et de ses peurs qui le paralysaient. Un joli petit livre en somme, poétique, un brin mélancolique, et qui donne envie de secouer ce Vincent comme un prunier pour qu'il sorte enfin de ce monde centré sur sa petite personne.

Je n'aurais pas forcément été vers ce livre autrement que par l'entremise de Babelio (je n'en ai d'ailleurs entendu parler que chez eux), et pour le coup, je trouve ça plutôt bien que ce genre d'opération fasse découvrir des livres dont on parle peu, contrairement à ce que j'ai pu lire dernièrement sur certains blogs. Je suis une vendue, donc. Call me Boucle d'or.

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