Oui parce que comment dire, quand tu passes un concours (ce qui fut le cas mercredi dernier pour environ la moitié des bibliothécaires de ce pays), ton cerveau reptilien te fait vite comprendre, par une logique implacable, qu'il va bien falloir éliminer un certain nombre de candidats, jusqu'à ce qu'il en reste juste autant que de postes disponibles.
Il y a la méthode révisions-de-malade-pendant-deux-ans, assez raisonnable et non violente. Et puis il y a les fantasmes : jeter un chat sur les rails du RER pour le bloquer le temps voulu, provoquer une grève des taxis, réserver toutes les chambres des hôtels alentours, afficher un panneau indiquant un changement de salle impromptu à 10 km de là, attendre que toutes les toilettes soient au complet (ce qui n'est vraiment pas difficile dans un bâtiment rempli de bibliothécaires féminines) pour bloquer les serrures avec du chewing-gum, glisser des feuilles de pompe sur les tables des voisins, puis les dénoncer, bien évidemment... Certains ont même suggéré, au vu du manque de bouffe potable à moins de 2 km des salles de concours, de faire vendre des sandwichs avariés par un pote pendant la pause déj' (ce qui a le second avantage de se faire de la thune), d'autres encore, moins stratégiques et patients, de crever tout simplement les yeux des enquiquineurs à l'aide d'un stylo bien acéré.
Dans la réalité, certains fantasmes se sont réalisés : tous les RER se sont vus bloqués (travaux ou chats projetés sur les rails, allez savoir) pour un temps indéterminé. Dommage, j'étais dedans. Remarque, ça élimine les candidats moyennement motivés qui ont préféré attendre de voir si il allait finir par démarrer (y en a plus qu'on ne croit). Mode alternatif de transport (et fichtrement coûteux), le taxi. Dommage, y avait grève des taxis. Enfin dommage pour ceux qui n'en ont pas trouvé un (et non je n'ai rien fait de répréhensible pour en chopper un, j'ai même accepté de partager avec un candidat, preuve de ma bonté d'âme. Certes, il était candidat au concours de coiffure qui se déroulait au même endroit, mais ça n'enlève rien à la dite bonté). Enfin, un big up aux candidats éliminés lors de l'épreuve de l'après-midi, pour être rentrés trop tard de la pause déjeuner (à savoir après la distribution des copies). Je ne sais pas si quelqu'un avait mis du chewing-gum là où il fallait, mais ils auraient pu jouer cette carte pour apitoyer les surveillants.
Mais j'ai aussi pas mal pensé à ces bibliothécaires qui forment des réseaux sur Facebook ou sur Twitter, ceux qui vous aident à remplir votre copie d'exemples pratiques, d'idées nouvelles, de noms de bibliothèques qui vous diront vraiment quelque chose, pas seulement parce que vous l'avez lu dans le dernier Livres Hebdo. Mais parce que vous savez que les bibliothécaires toulousains twittent comme ils respirent, mettent en place des tables DIY et sont au taquet sur le web 2 et le numérique. Que les Rouennais vous font découvrir l'ouverture de leur dernière bibliothèque (moyen mnémotechnique : Simone, elle est bonne) et les problèmes de la mise en place de la RFID. Que lorsque vous avez besoin de citer le nom d'une BMVR, c'est Limoges qui vient immédiatement à l'esprit, tout ça parce que Mickaël Jackson va y faire péter ses madeleines Bijou. Que les bibliothèques patrimoniales vous semblent moins éloignées de votre quotidien quand vous suivez certains twittos. Que grâce aux collègues de la BPI qui ont fait passer cet article sur les meilleurs endroits pour faire la sieste à Paris, vous savez que cette bibliothèque est un modèle quant aux horaires d'ouverture. Que vous vous sentez moins perdus concernant les problématiques des discothèques, quand vous suivez les débats de certains disco facebookiens. Que les geeks bibliothécaires multimédia sont là pour transmettre la moindre info concernant l'amélioration d'un portail et de services numériques. Que les bibliothécaires québécois font de belles choses autour du jeu vidéo, et que ça commence à germer un peu partout dans les bibliothèques françaises. Que les bibliothécaires jeunesse vous font partager leur amour des enfants comme personne (nan ça c'était une blague, en revanche ils pourront vous apprendre différentes techniques de neutralisation de mouflets en furie).
Tout ça pour dire que oui, les réseaux sociaux peuvent vous permettre de réviser un concours sans même vous en rendre compte, mais que surtout, au même titre qu'une pause cigarette un jour de formation, ils sont l'occasion d'apprendre sur votre métier et d'appréhender les débats qui le font évoluer. Et ça c'est quand même vachement bien.
Et puis si vous avez besoin de quelques conseils d'élimination de
candidats, ou si vous voulez partager des anecdotes de concours, je vous conseille d'aller voir le groupe Facebook créé par la Desperate librarian housewife : "Vous avez passé un concours ?" (c'est là qu'il est question de stylo qui crèvent des yeux, entre autres).
C'est vrai que les concours provoquent de drôles de réactions : quand mon voisin de table m'a demandé mon blanco, j'ai eu quelques secondes d'hésitation et l'envie furieuse de le laisser dans la merde avec ses gros pâtés sur sa copie!...
RépondreSupprimerattends, TOI t'as prêté ton blanco un jour de concours ? je t'ai pas vue, mais je suis sûre que tu lui as lancé dans l’œil !
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