mardi 4 octobre 2011

Les non-casées et leur problème de case

Bennett Sisters (Library of Congress)
Que ceux qui ne supportent plus d'entendre un "Madame ou un "Mademoiselle" passent leur chemin. Je préfère prévenir, sinon vous allez m'en vouloir, et moi je vous aime bien alors ça m'embêterait. Je ne vais pas passer des plombes sur la campagne "Mademoiselle, la case en trop", la blogosphère s'est déjà bien assez étripée comme ça. Et d'autres en parlent bien mieux, comme La Bouseuse ou Crêpe Georgette. J'ajouterais seulement qu'au-delà des arguments, déjà douteux, de superficialité de la campagne et de non-priorité vis-à-vis d'autres combats, j'avoue avoir du mal à comprendre la position de celles qui refusent catégoriquement de perdre le "privilège" de se faire appeler mademoiselle, arguant que quand même, ça fait plus jeune hihi (qui a parlé de superficialité déjà ?).

Si je parle de tout ça sur ce blog, c'est parce qu'il se trouve que c'est mon métier qui m'a fait prendre conscience du caractère absurde et surtout intrusif de cette petite case en trop. Parce que figurez-vous que pour s'inscrire dans une bibliothèque, il faut remplir un formulaire. Et donc cocher une case. Sur ce, le bibliothécaire s'empresse de rentrer toutes les informations vous concernant dans l'ordinateur. Souvent, les gens n'y font pas attention et ne cochent aucune case. Mon réflexe était alors de demander au moment de la saisie, lorsqu'il s'agissait d'une femme : "Madame ou Mademoiselle ?". Parce que bon, moi on m'a dit qu'il fallait remplir les cases. En dehors du cadre administratif, j'ai toujours trouvé bizarre que certains lecteurs et lectrices, voulant m'interpeller, se fendent systématiquement d'un "Enfin... Madame ou Mademoiselle ?", parfois avec une pointe de curiosité mal placée, mais souvent gênés d'avoir pu se tromper sur l'appellation. Mais lorsqu'il s'agissait d'une inscription administrative, ça ne me perturbait pas la matière grise.

Jusqu'au jour où cette question a provoqué chez une future-lectrice une mini-crise d'hystérie, à base de "vie privée", "vous regarde pas", "de quoi j'me mêle", "scandale", "pour qui vous vous prenez". Dans le désordre. Sur le coup, je me suis seulement dit qu'elle aurait pu éviter de monter si haut dans les décibels. Et puis mes neurones se sont enclenchés, et je me suis dit qu'elle avait peut-être raison finalement. Qu'est-ce qui me permet, sous couvert d'une inscription administrative, de demander à une femme si, oui ou non, elle est mariée ? Parce que ça revient clairement à poser cette question. Non seulement cette information est inutile, mais son appartenance au domaine du privé amène souvent à un jugement qui n'a pas lieu d'être (clairement, la "Madame" de 20 ans tout comme la "Mademoiselle" de 60 ans font au mieux sourire, au pire attirent les critiques. Et ne parlons pas de celle de 30 ans qui se voit créditée d'un jaugeage de la marchandise au moment où elle précise "Mademoiselle". J'aimerais bien dire que j'exagère, mais en fait non). Je me demande quelle serait la réaction des lecteurs masculins si je commençais à leur demander au moment de l'inscription si ils sont mariés. Je parierais sur quelque chose de cet ordre là : "vie privée", "vous regarde pas", "de quoi j'me mêle", "scandale", "pour qui vous vous prenez". Et ils auraient bien raison.

Depuis cet incident, lorsque les femmes ne cochent aucune case sur leur formulaire, je ne peux pas m'empêcher de penser à un acte de résistance (j'imagine bien ce que je veux) et je me garde bien de leur demander quoi que ce soit. Pour moi, ce sont des "Madame", rien d'autre à ajouter.

6 commentaires:

  1. Dans notre SIGB il y a seulement sexe : H ou F (il n'y a pas coléoptère.....ce qui peut poser problème parfois). On ne questionne pas les intéressés sur leur situation perso, et je trouve que c'est très bien comme cela. Effectivement, on s'en moque du statut matrimonial des usagers (ères).

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  2. Voilà un article que je suis d'accord avec.

    Sans connaître toute cette problématique, il y a longtemps que réponds Madame (même avant d'être mariée), quand on me pose la question. D'instinct, genre "tu veux savoir et ça ne te regarde pas donc tu ne sauras que ce que je veux bien te dire".
    Le débat (re)lancé il y a quelques jours m'a permis de mieux comprendre les arguments, de rationaliser ma micro-résistance instinctive.

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  3. Cher(e) Anonyme, vos données d'inscription concernant les coléoptères m'intéressent au plus haut point. Cordialement, Miguel

    Zelda, j'étais un peu comme toi, quelque chose me chiffonnait, mais c'est le débat actuel qui m'a permis de me positionner clairement. Comme quoi il est toujours utile de formuler les choses, quand bien même il faut se tartiner le buzz que ça génère ! BulleTine

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  4. Bonjour,

    Pour ma part, il y a longtemps que j'ai décidé d'appeler toute les femmes (jeunes ou moins jeunes) "madame", m'étant fait un jour la réflexion que personne n'appelait les hommes non mariés des damoiseaux..

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  5. C'est pas faux ! Mais autant les gens avec qui j'en ai parlé sont plutôt pour la suppression du Mademoiselle sur les formulaires, autant dans le langage, beaucoup sont réticents (question de nostalgie je crois ;)

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  6. Plus 1; c'est tellement évident que je ne comprends pas les femmes qui n'approuvent pas : le sexisme passe tellement par l'éducation des enfants que certaines mères devraient être interdites d'élevage (je force le trait par colère !)

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On a toujours quelque chose à dire :

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