dimanche 29 janvier 2012

Et mon coléoptère, il est grabataire peut-être ?

On le dit, on le répète, on le crie sur les toits (bibliothécaire j'hurle ton nom), on s'énerve et on essaie de le faire rentrer dans le crâne mou de nos lecteurs à grands coups de douchette et de Dewey (reliée, c'est plus efficace). Plus qu'un combat, c'est un sacerdoce. Notre côté militant sans doute. Et susceptible, probablement. Le métier de bibliothécaire a changé, beaucoup plus vite que son image, qui lui est restée collée à la couenne plus sûrement qu'une sangsue à triple ventouses.

Alors quand on tombe sur une description des bibliothèques et de leurs humbles serviteurs digne du 19e siècle, ça nous hérisse un peu la moquette élimée (je parle pour les bibliothèques qui n'ont pas réussi à avoir le budget rénovation adéquat). Une description comme celle sur laquelle je suis tombée, par hasard, dans la bande dessinée Un après-midi un peu couvert, de Philippe Squarzoni :





Bon, documentaliste ou bibliothécaire on sait pas trop, mais de toute façon c'est à peu près le même combat.














Ca a le mérite d'être clair. Bibliothécaire ça rime avec grabataire (au sens propre comme au sens figuré, notez). 

Nous voilà donc grabataires, hémiplégiques, invalides, et bien sûr totalement à l'ouest concernant l'informatique (j'aime tellement les fiches que je m'en suis fait un collier, c'est vous dire). Soyons clairs, je ne trouve ça agréable ni pour les hémiplégiques et invalides, ni pour les bibliothécaires. Associer des catégories de personnes en fonction des préjugés négatifs communs qui leur collent aux basques, c'est d'un banal affligeant. Je veux dire, associer les bibliothécaires et les hémiplégiques à des community managers ou des gogo danseuses, voilà qui serait intéressant, sociologiquement parlant (certains collègues (je ne dénoncerai pas) se plaignent par exemple de la discrimination quotidienne due à un manque flagrant de potentiel sensuel de notre métier. Et c'est bien dommage).





"Un problème avec les livres" ? Moi aussi à vrai dire, il m'arrive même d'en jeter, probablement un signe avant-coureur de l'apocalypse.

"Passer son temps au milieu des livres, les lire, puis les conseiller". Oui, moi aussi j'aimais bien l'idée. Puis je suis devenue bibliothécaire. Et j'ai fait plein d'autres choses. Notamment, je "surfe sur Internet" pour bosser, pas "au lieu de bosser". Ce qui ne m'empêche pas de tomber sur des idiots à l'orthographe éclatante.

Tiens justement, puisqu'on en parle. La Bibliothèque est un "cimetière" et les livres des "tombes", ça me rappelle vaguement quelque chose que j'ai lu récemment. Un certain Yann Moix y parle de la mort des bibliothèques, au sens "noble" du terme. Heureusement, cela fait bien longtemps que les bibliothécaires (ne lui déplaise, je désigne par là diverses professions, du discothécaire qui gère la piste de danse, au vidéothécaire qui regarde des vidéos sur Youtube toute la journée, sans parler des animateurs multimédia, "nouvelle" spécialité tout droit sortie des feux de l'enfer) ne sont plus là que pour conserver des livres poussiéreux, qui doivent répondre à une exigence intellectuelle et littéraire élitiste. Quant à mettre en doute que les bibliothèques soient là pour transmettre des "connaissances", on atteint le pompon de la pomponette. Le tout étant, en revanche, d'arriver à dépasser cette idée de "temple du savoir" (personnellement, je rentre plus facilement dans un couloir de métro tapissé d'urine que dans un temple). Les réponses à cet article n'ont pas tardé, vous pouvez aller voir sur Hortensi.usFace écran et les Carnets d'Outre-Web.


Si même Rimbaud s'y met.

Bon je râle, mais cela m'a fait plutôt sourire de trouver cette anecdote. Au final, on trouve dans ce livre une jolie petite histoire sans prétention, et plutôt agréable à lire. Et qui n'a rien à voir avec les bibliothécaires ni les hémiplégiques, comme cet article ne le suggère pas.

samedi 14 janvier 2012

Proudly introducing : L'armée des rennes

Il y a quelques semaines, un évènement est venu troubler la quiétude qui règne habituellement dans le monde calme et feutré des bibliothèques. L'objet du délit, le voici :


Cliquez sur l'image pour avoir la version animée, vous allez comprendre toute l'ampleur du choc. Cette carte de voeux, nous la devons à l'ABF, l'association qui nous représente fièrement, nous les bibliothécaires de France. 

Certains ont émis l'hypothèse que tout cela n'allait pas vraiment aider à moderniser l'image de notre profession. Déjà bien amochée par des lunettes et des chignons dont on a du mal à se départir, il est vrai qu'un renne peut paraître franchement inapte à dépoussiérer tout ça (un renne peut paraître inapte à beaucoup de choses, en y réfléchissant).

Mais c'était sans compter sur les twittos de la profession (et ils commencent à être nombreux). Et c'est là que l'inconcevable a été conçu. Une sorte d'engouement pour les cervidés, remisant au placard les lolcats et autres mêmes. Les jeux de mots et images à base de rennes, cerfs et autres caribous ont commencé à fuser. Preuve de notre professionnalisme, un hashtag a vite été adopté pour baliser ces tweets, que vous retrouverez donc sous #PointRenne (on reste organisés quand même, faut pas chier dans la colle).
 
Dessin de @leblogdeglace
Et comme on ne fait pas les choses à moitié, @Marie_Idille a suggéré de regrouper tout ça dans un Tumblr, histoire de, je cite "constituer un fonds iconographique spécialisé en cervidés et de chercher le meilleur outil pour le mettre en valeur". Si c'est pas de la dévotion à son métier ça (ou de la névrose obsessionnelle, j'hésite). Comme la névrose, ça me parle je n'avais pas encore eu l'occasion de tester cet outil, il m'a paru intéressant d'ajouter ce fait d'arme à mes compétences professionnelles. Le résultat, un Tumblr moulé à la louche : L'Armée des rennes. J'ai commencé à y regrouper les points Renne publiés sur Twitter ces dernières semaines, mais c'est un outil collaboratif : vous pouvez m'envoyer vos cervidés directement depuis le site, c'est même encouragé. Photos, textes, vidéos, musique (coucou les discothécaires et vidéothécaires), vous pouvez vous lâcher. Si vous rencontrez un problème pour les contributions, n'hésitez pas à me contacter, je fais aussi SAV (polyvalence tout ça).

Bibliothécaire, un métier qui a de l'avenir, c'est cerf-tain.
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